vendredi 18 juillet 2014 , par Frédéric Dayan
Après avoir capitulé devant les "Bonnets rouges" en reportant l’entrée en vigueur de l’écotaxe poids lourds (TPL), le gouvernement a annoncé par voie de presse le 22 juin dernier que la TPL serait transformée en un système de péage spécifique limité à 4 000 km de routes. Mais ce n’est pas encore assez et voilà que le patronat du transport menace non seulement de boycotter l’installation des boitiers électroniques à bord des camions destinés au prélèvement de la taxe, mais aussi de bloquer les routes à la rentrée. Nouvelle reculade, le gouvernement nomme un médiateur.
"Ce sujet, si important pour l’avenir du transport dans notre pays et la mise en œuvre effective de la transition énergétique, est en train de tourner au grand n’importe quoi depuis quelques jours", ironise la fédération CGT des Transports, tandis que de son coté le syndicat CGT des agents des Douanes indiquait récemment que cette marche arrière du gouvernement aurait "de lourdes conséquences écologiques, économiques, budgétaires, fiscales et sociales."
Pour la CGT Transports, le gouvernement a fait le choix d’enterrer l’écotaxe, de faire fi du débat sur la réappropriation publique de certaines infrastructures comme les autoroutes et d’amputer au final de plus de la moitié les recettes affectées au développement et à l’entretien de ces infrastructures tout en maintenant le prélèvement de l’impôt par une société privée.
Le nouveau dispositif d’écotaxe qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2015 concernera les camions de plus de 3,5 tonnes circulant sur un réseau de 3.800 kilomètres de routes nationales et locales très fréquentées par les poids lourds, auxquels vont être ajoutés 200 kilomètres de routes nationales et 300 kilomètres de routes départementales. Il y a donc d’ores et déjà fort à craindre que le transport routier ne se reporte sur les tronçons non taxés.
Rappelons que « l’écotaxe » ou TPL était initialement prévue sur 10 000 km de routes nationales non concédées et 5 000 km de routes départementales. Elle devait devait servir au financement d’infrastructures alternatives au transport routier (transport ferroviaire et fluvial) ainsi qu’à l’entretien des structures routières, en particulier des routes nationales transférées aux départements sans les ressources permettant leur entretien. Elle devait rapporter de 1,1 à 1,2 milliard d’euros dont environ 230 millions étaient destinés à rémunérer la société concessionnaire Écomouv, 160 millions pour les collectivités locales et 700 à 760 millions alimentant l’agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF).
La Fédération Nationale des Syndicats de Transport Cgt appelle d’urgence le gouvernement à replacer ce débat au bon niveau et rappelle son exigence de repenser la politique de fret marchandises en stoppant le dumping social entre modes et entre salariés d’un même mode, en créant les conditions d’avoir des infrastructures adaptées à la nécessaire complémentarité de ces modes. Ceci passe nécessairement, comme l’avait d’ailleurs pointé la conférence du transport routier marchandises de septembre 2013 organisée par Frédéric Cuvillier, par une vraie réflexion sur la tarification du transport routier marchandises." La fédération propose notamment de "ré-internaliser les coûts externes, sortir les salariés de ce secteur de la smicardisation". Elle rappelle ainsi que les premiers coefficients de la grille de salaires sont en-dessous du Smic.
Elle propose aussi de stopper les aides d’Etat à l’une des professions les plus subventionnées de France tout en faisant payer réellement aux chargeurs le juste coût du transport. "Voilà la seule voie possible. C’est dans ce cadre que notre fédération revendique la mise en place d’une tarification sociale et environnementale obligatoire permettant d’envisager un autre développement du transport de marchandises."